Pourquoi je suis accro à Yuka ?
J’ai passé quelques semaines avec un italien. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont fadas de leur pasta.
Si vous ne les faites pas vous même, il y a très peu de marque en supermarché qui en valent la peine. D’après lui en tout cas.
Pourtant en supermarché Il y a beaucoup de choix.
Trop de choix je pense.
Plutôt que se demander si le repas est réussi, on se demande si on a pris le bon paquet de pâtes.
Le plus amusant étant que plus il y a de choix, plus on risque d’être insatisfait. On augmente l’attente. C’est ce qu’explique Barry Schwart dans son livre Paradox of Choice.
Paralysé, on se retrouve comme l’âne de Buridan à ne pas savoir quoi choisir aux dépends de notre vie.
Le livre de Yuka explique comment fonctionne une étiquette, comme la lire, etc.
Mais franchement c’est chiant.
D’où l’intérêt d’en avoir fait une application pardi!
Rendre accro
En fait, le livre Hooked explique que créer une habitude c'est :
un déclencheur (internes et externes)
une action
une récompense variable
un investissement
Tout commence par un déclencheur externes.
Les déclencheurs disent à l’utilisateur ce qu’il doit faire. Ça doit être explicite et réduire les possibilités d’action pour ne pas entraîner hésitation. En l’occurrence, Yuka n’utilise pas spécialement de pub payante (à ma connaissance). Et même si c’est le cas, leur atout ne repose pas sur cet arc mais sur le bouche à oreille et l’acquis.
C’est-à-dire que j’ai découvert cette app parce qu’on m’en a parlé. Les principes qu’ils soutiennent (autofinancement entre autres) touchent et font parler. Nous autres tombons facilement sur les réseaux sociaux et nous relayons. Le tour est joué.
Une fois que l’utilisateur est en contact avec le produit, viennent les déclencheurs internes. On ne sait pas on va sur Google, on se sent seul … Facebook, envie de musique … Spotify, on hésite entre deux paquets de pâtes en magasin … Yuka, j’en passe et des meilleurs.
À ce stade, l’utilisation de ces produits ne nécessite plus un CTA explicite. L’action repose sur nos réactions mécaniques. C’est une histoire de tambouille interne et psychologie.
Ensuite l'action doit être facile et motivée psychologiquement.
Premièrement, l’application repose sur le scan de produits. Le scan est ingénieux parce que rapide. Le seul point de friction étant la l’absence de connexion en magasin. Ce qui a certainement motivé le passage de l’option offline dans la version premium.
Secondement, étant donnée la nature de l’application, il y a fort à parier que la cible client soit intéressée par l’idée de prendre les meilleurs produits possibles selon des critères environnementaux et de bien être.
Donc d’un point de vue psychologique la motivation pour l’utilisateur est simple. Yuka n’a pas besoin de rappeler qu’il est là, qu’il existe. Il existe tellement de produits qu’on est souvent amené à se retrouver dans la situation critique à devoir faire un choix en rayon.
Et récompensée.
Yuka use des récompenses variable (pour empêcher le cerveau d'anticiper la récompense) avec des notifications sur les préférences alimentaires.
Cette fonctionnalité étant comprise dans l’abonnement premium. Les utilisateurs radins disposent de recommandations de produits et d’un bilan des achats sur le mois.
Le truc à garder à l’esprit est que le cerveau ne réagit pas à la récompense mais à l’anticipation de la recevoir. Donc ce qui nous pousse à agir n’est pas la sensation perçue lorsque nous recevons la récompense mais le besoin de calmer le plaisir de la recevoir. Le stress provoqué dans le cerveau par le désir en somme.
Lorsqu’on connaît la récompense, on se lasse parce qu’on anticipe.
Enfin l'investissement de l’utilisateur.
Concept simple au demeurant : Les entreprises qui font travailler leurs clients augmentent la valeur de leur produit. Capiche ?
Chez Twitter l'investissement de l'utilisateur consiste à en suivre d'autres. Il n'y a pas de récompense immédiate. C'est un investissement dans le service qui accroît la probabilité que l'utilisateur reviendra.
Si on commence à aider Yuka en scannant des produits non référencés, on risque de défendre corps et âmes le projet et de s’investir pleinement.
Cela dit, cette phrase d’investissement engendre des frictions. L’utilisateur n’est pas toujours motivé. Le moment de demander de s'investir est donc crucial. En général juste après la récompense.
Grosso modo
Les habitudes naissent quand le cerveau prend un raccourci et cesse de réfléchir à l'étape suivante.
Alors, comment savoir si l’utilisateur est accro ?
D’après le même livre, il convient de faire la distinction entre :
addiction (dépendance compulsive et persistante à un comportement ou substance. Elles sont donc auto destructrice).
habitudes (comportement susceptible d’influencer la vie d’une personne).
Et c’est là que le bat blesse parce qu’une entreprise peut estimer le potentiel addictif de son produit en examinant :
la fréquence (combien de fois le comportement se manifeste-t-il)
l’utilité perçue (à quel point c’est utile au regard d’autres solutions)
Si un des deux indicateurs est insuffisant, la probabilité qu’il devienne une habitude sera moindre.
En fait
Les nouvelles habitudes ont une durée de vie courte car notre cerveau tente de revenir en arrière. Les habitudes récemment acquises sont aussi celles qu'on perd le plus vite.
Pour entretenir notre attention, les produits doivent maintenir la nouveauté.
Au final c'est hyper vicieux parce que donner aux utilisateurs ce qu'ils veulent ne suffit pas à créer un produit addictif.
Modifier un comportement exige de comprendre comment persuader les gens d'agir mais aussi de leur faire répéter des gestes à terme.
L’entreprise doit identifié en terme émotionnel une frustration ou un point douloureux particulier. Si vous voulez créer un produit utile aux gens, vous devez vous mettre à leur place et écrire une histoire à partir de leur point de vue.